Abdelkader Meskar, résonnance de la matière et du patrimoine.

Après une carrière d’enseignant aux arts appliqués, Abdelkader nomadise son expérience esthétique par un long séjour en Italie, en particulier à Rome, ville patrimoniale par excellence. Son parcours s’est enrichi par les différentes influences artistiques, notamment Van Gogh, Matisse, Cézanne qui ont façonné sa prédilection pour les couleurs violentes. C’est ainsi que l’artiste Meskar forge son style par la libération de la couleur de sa fonction mimétique et par la mise en œuvre de la matière, car il s’agit pour lui d’affirmer avec force son regard sur un héritage riche et varié . Sa passion pour l’œuvre de Basquiat fait de lui un artiste néo expressionniste : d’abord, il est capable de produire une œuvre sur n’importe quel support, comme l’atteste son expérience pionnière des paraboles où l’installation des livres sur un lit à Paris. Pour lui, la question de la figuration ou de l’abstraction ne se pose pas.Techniquement, l’artiste adopte une technique mixte en variant les formats sur toile mais en incrustant de la matière notamment la terre, le sable, le papier et surtout le tissu made in Morocco des années 30 et 40 qui requiert une valeur historique et culturelle cruciale. La matière chez Meskar distille une réalité ancestrale authentique. Le déploiement de ce vocabulaire visuel témoigne d’une maîtrise technique surtout que le dessin au fusain donne des aplats d’une densité facile à moduler et aide à nuancer les jeux de lumière et d’ombres. L’œuvre de Meskar, même non-titrée, propose une expérience émotionnelle et spirituelle bouleversante. Fervent adepte de la culture marocaine, l’artiste tisse un lien nostalgique avec un passé idéalisé où la culture était supposée être épargnée de la corruption. C’est dans cette perspective que le déploiement de la « Aïta », ce chant populaire marocain ancestral, dans son œuvre cristallise tous les émois de l’artiste et personnalisé en quelque sorte une expérience artistique intense confiant à ce legs musical sa véritable valeur. Ce patrimoine longtemps méprisé suscite pour l’artiste un regain d’intérêt.

Bref, Meskar prouve une fois encore que l’on peut parvenir par des moyens physiques et par une cohérence plastique, à se rapporter à l’idée du sublime.