Ayant évolué à Assilah où il vit et travaille aujourd’hui, après bien des pérégrinations notamment en France  pour essentiellement des fins de formation, l’homme cède au plaisir de la peinture et crée quelquefois même contre vents et marées pour s’illustrer comme peintre j’allais dire inclassable, mais dont la singularité néanmoins interpelle dès le premier regard de l’œuvre, de par l’originalité et l’audace, outre le métier qui suppose autant de tact et de labeur.

Et c’est cet attrait du portrait, une préférence manifeste pour le visage féminin avec une expression quelque peu énigmatique sinon rêveuse mais pas du tout délibérée, de l’aveu même de l’artiste, même si c‘est bien la technique qui fait sa préoccupation contre toute autre considération. Le plasticien a ses raisons ‘’ j’ai dépassé cette étape de l’engagement. Ce sont les couleurs, le style qui m’intéressent ‘’.

Dès lors, la performance de l’artiste ne se limite plus dans la recherche de la ressemblance mais dans cette quête de l’effet. Il va de soi qu’une composition innovante, ce n’est guère une certaine image ressemblante mais une création qui tout simplement prend appui sur la trace, un souvenir ou quelque flash de passage. Hassan Chergui se distingue, en effet, avec ce rapport quelque peu étrange entre les organes du corps, dans un portrait, telle cette position insolite de l’œil, quand le visage est vu de profil et l’œil sort du lot pour s’afficher bien en face.

L’audace est manifeste. A noter, dans la même perspective, cet intérêt du plasticien pourtant fortuit au poisson. En plein covid, pour l’anecdote, Mohamed Ben Aissa, propose la réalisation de peintures murales par les artistes du terroir . Le peintre montre le croquis préliminaire. Le croquis est apprécié non sans éloges. Et depuis, le coup de foudre était parti. D’ailleurs Hassan Chergui a toujours aimé admirer le poisson coloré bien chez lui et sur lequel il veille ,m’eut-il confié, en ichtyologiste averti.

De même, et dans la même palette, le plasticien a interprété le cheval, perçu dans sa stature et son élégance annoncée, tout à fait hors du contexte d’un certain pari ou de quelque fantasia.

Même l’oiseau n’a pû échapper aux caprices colorés de l’artiste. Le bel ailé au plumage multicolore . Le peintre l’a perçu sur fond coloré lequel fond porte à lui seul le cachet propre du peintre.

C’est bien la beauté des accords de couleurs sur le fond, lequel se confond souvent avec le motif qui donne à ses portraits imaginaires tout comme à ses autres sujets une somptuosité flatteuse.

C’est que le plasticien allie toute une gamme de couleurs et leurs dérivés dans une entreprise d’exploration au maximum des possibilités chromatiques de la peinture, dans un souci d’équilibre et d’harmonie indéniable. Outre cette quête d’un style propre en matière de peinture, Hassan Chergui multiplie les signes de distanciation, vis-à-vis du principe de représentation ressemblante .

Par cette approche très personnelle, par cette quête, quelque peu lente mais sûre, d’une expression artistique authentique, le peintre se voit forger une voie bien à lui. La reconnaissance ne se fera pas attendre ‘’ Ta technique n’existe nulle part ailleurs ‘’, lui eut révélé spontanément un jour Mohamed Melehi, justifiant ainsi son encouragement du prodige qui s’est trop longtemps ignoré.

Voilà ce qui est fait. Le peintre dulciné par des maitres de la cité s’illustre en effet. L’exhortation du Grand Maitre Mohamed MELEHI s’en trouve convertie en prouesses picturales qui va autant de séries picturales qui dépassent la simple thématique conventionnelle. Hassan CHERGUI , agissant en plasticien fait état de caprices d’un colorisme mu en recherches esthétiques formelles comme pour fixer en image, ce qui est par définition, ce changement perpétuel de l’être ainsi perçu ,évocateur de mille et une interrogations existentielles sinon métaphysiques.